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« Je t'abattrai comme une quille...»
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SOLRE LE CHATEAU... LA LEGENDE DE SATAN
LA LEGENDE DE SATAN
C'était vers 1612. L'église de Solre venait d'être ravagée par un
incendie, et son clocher avait flambé comme une torche. Mais en Hainaut, les catastrophes
ne sont jamais définitives.
A peine le feu éteint, on se remet au travail avec un coeur nouveau.
On relève les ruines, et peu de temps après, tout est reconstruit, tout redevient comme
avant.
Le Comte de Solre s'était adressé à un charpentier réputé, Jehan
Lecoustre, de Beaumont. Tout le monde s'intéressa à cette restauration. L'Archiduchesse
Isabelle tira de sa cassette 3000 florins argent ; et le reste, le Comte le trouva en
créant un impôt sur la bière, toujours productif dans un pays de solides buveurs. Le
Comte voulait un clocher très beau, très haut, aussi haut que celui d'Avesnes, qu'il
jalousait un peu. Il fallait atteindre 60 mètres d'élévation, ce qui n'était pas un
jeu d'enfant. Lecoustre résolut le problème en rattrapant la différence par la flèche,
une flèche énorme et singulière qui fait encore aujourd'hui notre admiration.
Un aussi beau clocher avait mis le diable en fureur. Les paroissiens
disaient : "c'est un beau cierge élevé à la gloire de Dieu". Mais Satan
ricanait : "un beau cierge ? Dîtes un bonnet d'âne ! Ah ! Ah ! Ou la coiffure à
grelots d'un bouffon !". Les habitants rispostaient cherchant des métaphores
appropriées : "C'est la glaive mystique de l'Archange, moucheté d'une fleur
!". Et Satan de répliquer : " Dites un hochet, un hochet ridicule... un
assortiment de récipients pour le sabbat d'une sorcière... un champignon vénéreux...
une amanite phalloïde ! " Et il blasphémait et frémissait de rage, se vantant de
détruire bientôt le beau clocher tout neuf, tout pimpant dans son manteau mauve
d'ardoises. Il clamait partout : "Cette ville est mienne... Tous ces affûts, comme
on dit des habitants de Solre, sont en réalité mes suppôts ! Tout ce qui passe dans
cette ville est mon oeuvre : tant de médisances, tant de calomnies, derrière ces rideaux
bien tirés ! Tant de lettres anonymes !
Derrière ces volets, j'ai là tout mon Etat-Major ! Mais je veille...
Ne dit-on pas que le diable est toujours à l'affût ? Ah ! .... Ah ! Vous avez sculpté
des salamandres sur votre hôtel de ville pour vous moquer des incendies que j'ai
allumés.... Car c'est moi, et moi seul, qui ai mis le feu à votre église... Vous vous
croyez à l'épreuve des flammes ? Vous verrez bien quand vous serez dans ma
chaudière..."
Et Satan s'en alla du côté de l'Orient. Car lorsque le diable veut
jouer des vilains tours aux gens de ce pays, c'est toujours à l'Est qu'il va chercher ses
complices ! Et il revient avec le vent d'Est, une bise glaciale, qui se mit à souffler en
tempête.
"Je t'abattrai comme une quille, maudit clocher !" disait le
diable. Et pendant des semaines, le vent souleva les toits, renversa les murs, arracha les
arbres. Il hurlait, balayait tout sur son passage. Le beau clocher tout neuf était
évidemment une cible de choix. Déjà les belles ardoises mauves s'envolaient pour faire
devant le porche comme un tapis feuilleté.
Et Satan crut un moment qu'il allait l'emporter. Les habitants
refugiés dans leurs demeures n'avaient d'autre ressource que d'implorer le Seigneur.
Soudain, un sourd craquement... Et le clocher pencha en avant vers l'Ouest. Allait-il
s'abattre sur la place de l'église ?
Non, il tint bon. Et Dieu permit qu'il se maintint ainsi, à peine
penché... Le diable était vaincu !
Telle est la véritable légende du clocher de Solre. L'autre, c'est le
diable qui l'a inventée.
Satan, furieux de son insuccès, et craignant qu'on se gausse de sa
défaite, a colporté, il est vrai, une autre histoire, une vilaine histoire. C'est celle
que vous trouverez dans les guides.
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